mercredi 11 septembre 2013

Reprendre contact !

Pas un message depuis le mois de mai... Un silence radio qui symbolise un nouveau désert sportif, un de plus. Impossible d'accumuler les kilomètres sans forcement devoir passer par la case infirmerie !

Alors dans de telles conditions, on tire un trait sur les baskets et on l'on se remet en selle. Le vélo a, en effet, l'avantage indéniable d'être peu traumatisant physiquement, à condition bien sur d'éviter les cascades...


Les kilomètres accumulés m'ont quand même permis d'arpenter des secteurs finalement très proche de la maison mais peu parcourus jusque là. J'ai ainsi imaginé deux parcours sympathiques avec une mention spéciale pour le bien nommé Bruay Urban Trail et son parcours atypiques et que j'imagine encore pouvoir agrémenter dans un avenir proche.

Ils sont à retrouver dans l'espace qui leur est dédié avec quelques photos pour agrémenter le tout...!

mardi 21 mai 2013

Elle était hard... la montagne !

Rien de tel qu'une matinée pluvieuse pour gravir les pentes boueuses des collines d'Artois ! C'est probablement ce que se sont dis tous les coureurs présents sur la place du charmant village d'Ablain. Malgré un temps plus que maussade, un lundi de Pentecôte plus vraiment férié, nous sommes tout de même plusieurs centaines de téméraires au départ de cette épreuve dont la renommée n'est plus à faire.


En ce qui me concerne, après des mois d'arrêt et après une reprise basée sur les kilomètres et non sur la vitesse, c'est plutôt l'envie d'accélérer un peu qui m'a poussé à m'engager. Curieux de s'avoir si la foulée parvenait encore à s'allonger un peu... En tout cas, cela faisait bien longtemps que je ne mettais pas attaqué à un format aussi court, alors c'est un peu l'inconnu ! Depuis combien de temps je ne suis pas échauffé avant un départ ?!

Enfin, l'inconnu mais pas pour tout, puisque pas mal de têtes connues sont au départ : les trailers ont fait le déplacement malgré la "courte" distance, c'est bon signe !

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En compagnie d'Eddy (de retour après une blessure), nous choisissons de nous placer au milieu du peloton. A peine, le départ donné que la meute s'affole... Plus habitué depuis quelques mois à utiliser les premiers kilomètres pour m'échauffer, le choc est violent ! Mais pas le choix. Il faut moi aussi que j'accélère afin de ne pas trop bouchonner au sommet de la première difficulté. Avec le monde présent, Eddy et moi nous sommes déjà perdus de vue... Dans tous les cas, cette portion commune aux deux parcours se transforme en un slalom géant. Je me mets volontairement dans le rouge dans la côte en espérant pouvoir récupérer dans les bouchons. Banco ! La marche forcée permet de retrouver facilement son souffle.

La suite du parcours est composée de portions archi-connues des adeptes des "poilus". D'abord une descente hyper rapide à travers le bois de Mont où le cocktail : vitesse, boue, cailloux pourrait facilement contraindre à écourter la promenade. S'ensuit une transition boueuse, nous amenant au pied de la deuxième longue grimpette (90 D+) . Tout le monde court, c'est quoi ce bordel ?! Y'a trois semaine je l'aurai marché celle là les gars ! Bon, tant pis on suit le mouvement, on grimpe à bonne foulée jusqu'au carrefour (toujours boueux) situé à la croisée des bois de Mont et Marqueffles. La descente tout aussi casse-g... que la première est avalée plus sereinement et nous déboulons au beau milieu des champs pour la seconde portion du parcours.

D'abord une descente "casse cheville" (encore une) où les importants ruissellements d'eau on laissé à nu, de très nombreuses pierres. Aucun appui n'est identique, la vigilance est de mise... Une nouvelle côte, cette fois-ci bitumée, nous amène ensuite à la portion la plus roulante du parcours : de larges chemins, entre bois, champs et pâtures, sur un terrain finalement jamais plat. Pas de gros pourcentages mais le rythme change constamment. Ce genre de portion est, à mon avis, appréciée différemment selon que l'on soit dans un bon jour ou non ! Dans un jour sans, cela peut vraiment être pénible et sans fin... Par chance, la forme du jour est plus que correcte et les kilomètres s'enchaînent à une très bonne allure. Ajouté à cela un départ en milieu de classement qui permet de multiplier les dépassements, il n'en faut pas plus pour avoir une impression de "vitesse" et de vraiment bien s'amuser !

Au retour sur Ablain, le régime imposé depuis le départ commence à m'épuiser, je profite donc de la courte portion de bitume précédant la dernière côte pour récupérer quelques forces.

Plusieurs concurrents me repassent à la faveur des premiers mètres de pente. Je me force à maintenir une bonne allure, juste suffisante pour ne pas m'empêcher de relancer au sommet. Les encouragements de Gus, venu en supporter, m'aident à basculer dans la pente et reprendre rapidement les places précédemment perdues. A ma grande surprise, le parcours replonge au coeur du village plutôt que ce que je pensais, tant mieux parce que ça commençait sérieusement à piquer mais tant pis parce que je n'aurai pas l'occasion de jeter les toutes dernières forces dans la bataille.

Une dernière petite côte et ces 15 km et 345D+ sont bouclés en 1h08 à la 35e place. Eddy convalescent termine, quant à lui, 191e en 1h29 sans pépin physique. 


Une belle épreuve qui malgré son format relativement court présente un excellent compromis entre le Trail et la course sur route. Une organisation de très bonne qualité malgré des cieux pas très cléments... A refaire avec plaisir en 2014, si l'occasion se présente.

mardi 30 avril 2013

Avec une pointe d'accent...

La voilà enfin... Cela fait 5 mois qu'elle nous fait courir ! Dès le 6 décembre 2012, sans même un échauffement, alors même que je ne mets plus un pied devant l'autre depuis plusieurs mois, il a pourtant fallu être à l'affût et sprinter afin d'obtenir l'un de ces précieux sésames ! Bon ce que l'histoire se cache bien de préciser c'est que j'avais préféré mandater le frère pour cette basse besogne. Peut-être par crainte de craquer mentalement avant le clic fatidique ?!

Toujours est-il que lui n'a pas failli à sa tâche et c'est donc contraint, forcé, voire un peu volontaire et masochiste que je débarque dans la Province du Luxembourg en ce vendredi 26 avril brumeux et pluvieux. Un temps à ne pas mettre un trailer dehors, non, non, mais plutôt plusieurs centaines...


A peine arrivé que l'on ne s'est jamais autant senti chez soi (aucun rapport avec le temps...), que des têtes plus ou moins connues (Ablain, Bully, la Confrérie, la CCCie). On attaque à la bière ce que l'on terminera à la bière... Au moment du retrait de dossard, juste un nom suffit, pas besoin de présenter un certificat médical ou une carte d'identité ?! Il me plaise toujours plus ces belges avec leur mentalité faisant encore la part belle au sens civique et à la probité.

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Samedi 27 avril, après une nuit sedanaise revigorante, nous voilà à nouveau sur les coups de 7h30 de retour en terres wallonne. Le temps, pour nous, de prendre doucement la température des lieux et de goûter à cette atmosphère qui commence doucement à s'échauffer...


On en profite pour entrer parmi les premiers au coeur du somptueux château-fort et en explorer, curieux, les moindres recoins. Une nouvelle fois, une telle liberté me laisse admiratif... La bêtise n'aurait-elle pas franchie la frontière pour que l'on laisse si facilement accessible de tels lieux ?

8h30, l'heure du briefing. La télévision, les annonces bilingues, l'allure de nos camarades de jeux nous font dire que cela va probablement être costaud. Alors, dans le doute nous choisissons l'option "frileux", avec un départ dans les abysses du peloton. Même si le chrono ne se déclenche qu'à la sortie du château, au moment où nous nous extirpons enfin des coursives, les premiers sont déjà sur les bords de la Semois... Pas la même planète.

A peine 1 kilomètre de parcouru que nous sommes arrêtés. Patiemment, il nous faut attendre notre tour sur les bords de la Semois, avant d'attaquer la première réjouissance. Derrière nous, pas plus d'une vingtaine de coureurs (soit au minimum 450 coureurs devant), peut-être un peu trop prudent le départ non ?

Pour nous commence donc une très très longue partie de "Pac-man". Le premier niveau qui doit nous mener jusqu'au village de Corbion nous permet déjà de regagner plusieurs dizaines de places en maintenant une petite foulée sur la majeure partie de l'ascension. Nous évitons soigneusement d'être touchés par les "fantômes" et leurs bâtons acérés et trop souvent mal maîtrisés... Les sentes sont heureusement plutôt larges et praticables...

A la faveur de ces premiers kilomètres plutôt roulants, le corps s'adapte tranquillement à la fraîcheur annoncée et redoutée. Et nous permet d'attaquer enfin bien chaud le premier secteur caractéristique : après la traversée du village de Corbion, nous entamons les premiers monotraces. Toujours le même plaisir de serpenter sur de telles portions. Même à notre petit rythme, on parvient à s'y amuser tant le terrain est technique. Nous sommes désormais bien chauds, place donc aux mythiques crêtes de Frahan : d'imposants massifs rocheux desquels on bénéficie de magnifiques points de vue. Des points de vue que l'on peut, d'ailleurs, d'autant apprécier que l'on y est arrêtés... Ca bouchonne sérieusement alors que nous avons pourtant déjà couverts une bonne dizaine de kilomètres. Ajouté à cela, le fait que je manque de peu de me faire empaler par une concurrente utilisant ses bâtons comme Luke Skywalker son sabre laser... On se dit qu'il va peut-être falloir accélérer pour éviter de trop nombreuses frustrations ! D'ailleurs, à ce petit rythme, on en vient presque à s'inquiéter pour la barrière horaire... Heureusement, une fois redescendus de notre promontoire, nous sommes vite rassurés par notre arrivée au coeur de Frahan et de son premier ravitaillement.


Un verre de coca, des raisins secs et ça repart... Après avoir franchi pour la première fois la Semois (351e et 352e places), nous voilà engagés sur un superbe monotrace s'élevant d'abord tranquillement. Des ponts, plus ou moins bringuebalants, des passages de rochers, une végétation luxuriante, le tout avec les méandres de la Semois en fond. Quel bonheur !
A la faveur d'une épingle à droite la pente s'élève brusquement, personne ne songe à trottiner... Notre bon rythme de marche nous permets de passer toutefois plusieurs coureurs, parmi lesquels le fameux "Frère Tuck" et sa non moins fameuse soutane. Je profite de l'instant, puisqu'il y a fort à parier que ce sera pour moi la première et dernière fois de ma vie que je croiserai un moine en boosters...

L'esprit léger et vagabond, nous atteignons les hauteurs de Rochehaut pour un bref instant avant de replonger sans transition sur des sentiers roulants jusqu'aux bords de la Semois et attaquer ainsi de son pied la plus longue "grimpette" de la journée (nous ne le serons qu'après) : 230 D+ en 2,6 km. La pente est suffisante pour nous obliger à marcher mais pas pour nous empêcher de nous ravitailler et discuter. Nous voici ainsi arrivés, sans trop nous en rendre compte, au point culminant du parcours avec ses 432 mètres. Cet endroit marque également le début de la portion la moins passionnante et forcement la plus roulante du parcours.


Une bonne dizaine de kilomètres à sinuer sur des chemins, tantôt herbeux, tantôt boueux, tantôt caillouteux. Il n'en faut pas plus à Gus pour qu'il commence à généreusement allonger la foulée. Pas évident de suivre, d'autant que régulièrement, je me fais bouchonner par des groupes que lui parvient à doubler un peu trop sauvagement pour mes capacités du jour. D'autant plus que je sais pertinemment que je commencerai à lutter bien avant lui... Le constat est évident : nous sommes clairement plus au même niveau, alors pas évident de faire course commune ! Les nombreux faux-plats descendants permettent, toutefois, à mes grandes jambes de faire illusion encore un moment. Après quelques kilomètres dans le dur, la forme revient et je parviens à suivre le rythme sans difficultés et allonger, à mon tour, la foulée... pour le moment.


Au 30e kilomètre, après avoir traversé le pittoresque village de Cornimont, le terrain de jeu se fait à nouveau plus technique. Malheureusement, à plusieurs reprises des concurrents un peu "perso", nous contraindrons à leur lécher les chaussettes pendant de longues minutes. Dans mon cas, avec une cheville droite en carton, il n'est pas question de tenter des dépassements suicidaires, alors Gus se morfond. On patiente, en file indienne. De temps et en temps une furtive envie de meurtre me traverse l'esprit. Je sais aujourd'hui pourquoi je n'utilise pas de bâtons...  Je sais aussi que la technique Pac-man a son revers et que partir très prudemment n'est pas toujours la solution miracle. On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes !

Malgré tout à notre arrivée au second ravitaillement situé au coeur de Mouzaive, notre classement a fait un sacré bond : 266e et 267e... Y'a du mieux !

Le temps de recharger la poche d'eau et on attaque une nouvelle très belle côte sur des chemins larges. Nous dépassons à la marche beaucoup de concurrents, cela finit par m'inquiéter puisque j'ai toujours bien en tête ce qui nous a été expliqué la veille : "Au 30e ? Il vous restera les deux-tiers ! Les difficultés arrivent...". Pas franchement rassurant ! Mouai, bon, de mon côté, je me motive plutôt en me disant que tout se qui est pris n'est plus à prendre...

Après, un très bref passage sur la commune d'Alle. Les montagnes russes débutent, d'abord plutôt sages sur des chemins larges. Notre très bon rythme de marche fait toujours son petit effet, les dépassements s'enchaînent. Malgré tout, Gus me motive de plus en plus régulièrement à reprendre un petit trot dans les faibles pourcentages de pente. J'accepte de bonne grâce mais je me doute que tôt ou tard ça ne passera plus... L'écart entre nous deux commencent doucement à s'accentuer et je ne préfère pas tenter le diable pour le combler. A de nombreuses reprises, il lève le pied pour que je le rejoigne et tente d'entamer une conversation que j'ai un peu plus de mal à entretenir. L'état de forme est encore passable mais je préfère me préserver...

Bientôt un sympathique trailer bullygeois nous rejoint. Nous ferons (ou plutôt "ils feront") route commune pendant de nombreux kilomètres. Pendant que les deux touristes qui me précèdent parlent de la pluie et du beau temps, je reste silencieux dans leur sillage. Entre deux, ils prennent tout de même le temps de s'enquérir de mon état de forme : "Ca commence à piquer !".
Le 39e kilomètre approche, voilà donc le dernier ravitaillement en solide. Je suis impatient d'ingurgiter enfin un peu de salé, le sucré commençant sérieusement à m'écoeurer. Afin d'éviter les mélanges, malgré une sensation de faim je préfère ne pas reprendre de pâte de fruit... Sauf, que ce que nous n'avions pas prévu c'est que le ravitaillement se situerai finalement au 44e km, avec en guise d'animation pour nous faire patienter, de magnifiques monotraces serpentant en surplomb de la Semois. Malgré sa beauté, cet imprévu me met un bon coup au moral, je maintiens malgré tout un rythme correct afin de garder en vue les deux comparses...

C'est une fois arrivé au plus bas, au bord de l'eau, que je prends véritablement un coup de bambou... Gus est obligé de quitter son nouveau compagnon afin que je puisse recoller. Le terrain a beau être plat, je suis contraint de marcher quasiment jusqu'au ravitaillement.

Ici à Frahan, au pied du fameux "Wall", on décide (ou plutôt "je") de prendre le temps. Des biscuits apéros par poignées entières, plusieurs verres de coca, les sourires des bénévoles, ça y est je crois que c'est fini, je suis au paradis...

...Enfin presque, revenons donc au concret : Il n'y aurait pas une kiné qui traine dans le coin par hasard ?! Quoi, à l'arrivée ?! Pardon, dans combien ?! Un wall ?! 150 D+ ?! Echelles ?! Trop d'information tue l'information, alors je fais le vide (je n'ai pas trop de mal pour ça...) et je repars un peu trainé par le frangin. Pas mal des concurrents si chèrement dépassés nous ont grillés à nouveau la politesse après ce ravito à rallonge. Nous franchissons malgré tout le pont avec un nouveau boni au classement : 215e et 216e. Le podium se rapproche...

Direction le "Wall", on nous l'a tellement bien vendu que l'on a hâte de le voir. Qu'il se rassure, je ne chercherai pas à en découdre juste l'escalader le moins douloureusement possible...


Avec le monde présent devant, de toutes façons, il n'y a pas moyen d'accélérer. Il suffit juste de suivre le rythme du premier de cordée, pas trop compliqué pour cette fois. Une fois au sommet, et après une courte transition, la pente s'inverse aussi brutalement. Nous voici lancés sur la plus belle portion du parcours. Il est pourtant difficile d'en avoir des souvenirs clairs tant la pente, les virages, le terrain changent constamment et rendent ainsi l'environnement difficilement assimilable.
C'est pourtant au beau milieu de ce dédale que nous faisons enfin la connaissance des fameuses échelles. Deux options nous sont proposées : droit dans la pente ou "la classique". Pour une première et malgré les bouchons, nous choisissons la seconde. On perd du temps mais au moins on essaie de faire de belles photos !

Ce terrain plus sinueux et le peloton plus dense creusent des écarts toujours plus importants entre Gus et moi. J'ai désormais l'impression de tenir en laisse un jeune chiot qui accélère dans les portions amusantes, ralenti dans les portions plus roulantes. Allez, c'est décidé, ma décision est prise, je le libère ! Après avoir parlementé quelques minutes, il accepte de me quitter. Et là, à peine je lâche la laisse qu'il me file entre les pattes... A la vitesse d'un lévrier mais en plus poilu ! Qu'elle est belle cette nature redevenue sauvage !

Il reste une bonne dizaine de kilomètres à couvrir. Je ne cherche désormais plus à me faire violence, juste à profiter de l'endroit... Et des quelques belles difficultés ! Les descentes sont l'occasion de regagner toujours quelques places, les rangs se clairsement. Je fais longuement le yo-yo avec une britannique dont la vitesse de marche en montée me laisse pantois. Je prends des notes pour la suite... Elle parvient à me distancer sur le long faux-plat nous menant au dernier ravitaillement : l'Aquarius. Je m'y arrête plusieurs minutes et profite brièvement du point de vue sur le fameux Tombeau du Géant.


Ces derniers kilomètres seront finalement assez mitigés : des décors toujours aussi plaisants, des passages aussi techniques mais un énorme point noir va venir obscurcir ce final et pas moyen pour moi de l'occulter ! Partout, des dizaines de bouteilles en plastique jonchent le sol ! J'ai beau y réfléchir encore aujourd'hui, je ne me l'explique toujours pas... Comment plusieurs centaines de participants ont pu jeter leurs détritus sans la moindre arrière-pensée ?! Pour avoir fait l'expérience de garder cette fameuse bouteille en main jusqu'à l'arrivée, je n'ai pas eu la sensation de perdre encore un peu plus de temps... Alors à quoi bon ! Dégoûté...

Cette tempête intérieure aura eu au moins de bénéfique le fait d'écarter mon esprit de la fatigue physique... Et c'est donc sans vraiment l'avoir venu venir que la dernière difficulté me fait désormais face : une montée sèche entrecoupée d'épingles nous amenant ensuite par des sentiers plus roulants jusqu'au pied du belvèdère dominant Bouillon. Sur les quelques conseils que nous avions reçus, il en est un que j'avais parfaitement assimilé, je sais désormais qu'il n'y a plus qu'à dévaler un petit kilomètre avant d'entrevoir pour de bon ce château que nous avions quitté il y a un peu plus de 7h.

Je lâche le peu de force qu'il me reste dans cette dernière descente, les cuisses continuent de tenir et me permettent de passer 4 coureurs de manière plus ou moins acrobatique... Quelques marches et voici à nouveau la civilisation. Comme par miracle, les jambes se font légères, la montée du château entrecoupée de plusieurs poses photos me semble quasiment plate (70e chrono tout de même) ! Ca y est, la promenade est terminée. Et si on repartait pour un tour ?!


Notre longue remontée s'est finalement terminée à la 170e place pour Gus en 7h23 et 186e place en 7h31 pour moi... Il va s'en dire que Gus aurait pu viser une place plus proche de la centaine s'il n'avait pas fait sa B-A.


Le débrief : J'en rigole aujourd'hui mais je dirai que sur les 7h30 de courses, 2 ont vraiment été pénibles. La faute a une préparation physique un peu légère sur les derniers mois... J'ai tout de même tenté de rester le plus lucide possible afin de profiter au maximum des paysages qu'il nous a été donné de traverser.

Les + :
- une organisation de très haute qualité à tous les niveaux (rien à redire, je suis fan !) ;
- la beauté des paysages ;
- la difficulté de nombreuses portions ;
- la mentalité wallonne (assurer sans se prendre au sérieux) ;
Les - :
- le ravitaillement Aquarius et ses conséquences...
- une portion roulante un peu trop longue entre le 15 et le 30e km. 

Les 190 photos sont ici.



vendredi 12 avril 2013

Et au coeur de la vallée, la Course...

Après la claque prise en Champagne et en prévision d'une fameuse échéance belge de plus en plus proche, il devenait plus que temps de se remettre sérieusement au travail... Une fasciite qui commence doucement à se faire oublier, des sorties plus nombreuses et un peu plus réfléchies, il n'en faut pas plus pour que le plaisir revienne.

Alors après une belle promenade de 30 km le lundi 1er avril au coeur du Bassin Minier, Gus me propose d'en remettre une seconde couche en ce dimanche et d'aller voir un peu ce qu'il se passe du côté de la Vallée de la Course...


Même si Bezinghem n'est pas si éloigné en terme de kilomètres, le côté très pittoresque des routes du secteur nous contraint à nous lever sur les coups de 5h30. Un brouillard à couper au couteau au départ de Rebreuve et malheureusement le même coton à notre arrivée sur place... Impossible de contempler notre environnement ! L'atmosphère est assez surprenante : dans moins de trente minutes le départ sera donné et pourtant les sportifs se font rares, mais où sont-ils ?!

8h30 enfin sonné, nous comprenons que nous sommes finalement peu : moins d'une centaine à vouloir nous confronter à ces 30 kilomètres. Très peu de tête connues pour nous, puisque l'essentiel du peloton se compose de "trailers des sables" et notamment du club d'Outreau venu en force. A peine partis que je suis submergé de maillots oranges de tous les côtés ! Compte tenu de la faible visibilité, le côté "flashie" de leur tenue présente un avantage indéniable : impossible de se perdre, il suffit de les suivre... Gus est, quant à lui, déjà bien loin devant, parti pour tester le fruit du travail de ses dernières semaines...

Les allées du camping à peine quittées que nous découvrons rapidement ce que sera notre terrain de jeu : des passages à travers champs et pâtures se succédant les uns aux autres... Le brouillard encore tenace m'empêche de me repérer sur les premiers kilomètres. Pendant la courte traversée du village de Parenty, je ne m'aperçois même pas de la présence du château de la famille du Blaisel alors même que nous en traversons la magnifique allée arborée ! Mais j'aurai tout de même la présence d'esprit de remarquer notre passage au dessus des eaux de la Course (encore heureux !).

Parti pour surtout essayer de prendre du plaisir, j'évite soigneusement de monter trop haut dans les tours sur ces premiers kilomètres. Dès que la pente s'élève j'opte pour la marche et perds des places que je m'empresse de reprendre en déroulant au maximum dans les descentes.

Une chose est sûre, le temps sec des dernières semaines à l'avantage de ses inconvénients : adieu la boue et les appuis fuyants et bonjour la poussière, les ornières et les chevilles disloquées. Deux entorses en moins de un an ne laissent pas que des séquelles physiques. Il est désormais bien difficile de chasser l'appréhension. Tel un éléphant au milieu d'un champ de mines, j'adopte un style tout sauf gracieux dès que le terrain se corse. Ce n'est sûrement pas beau à voir mais ça a au moins le mérite de me permettre de rentrer avec le même nombre de chevilles qu'au départ.

Le terrain est tellement cassant que les quelques longues portions de macadam du départ en deviendrait presque agréables ?! En plus de cela, ces routes me replongent dans de nombreux souvenirs rallystiques : Thubeauville, Parenty, La Houssoye, autant de noms qui fleurent bon le Rallye du Touquet, seule manche nordiste du Championnat de France des Rallyes. Là où nous posons aujourd'hui nos baskets, quelques très grands noms du rallye mondial y ont, quant à eux, posé les roues : S.Loeb, S.Ogier, S.Jean-Joseph, G.Panizzi, F.Delecour pour ne citer qu'eux. Nos petits 12 km/heure les feraient bien sourire...

Entre rêveries et discussions, on en oublierai presque l'on est entrain de courir et qu'un balisage est à suivre ! Alors, je vous le donne Emile, à force d'avoir la tête ailleurs, je fini réellement par y être ! Je suis depuis un moment le même coureur, fidèle à la technique du "mouton" mais pour cette fois une clôture en barbelés nous barre la route ?! Euh... Là je crois qu'il y a un problème. Les autres coureurs passent pourtant à peine à une dizaine de mètres mais impossible de les rejoindre par cette voie ! Au milieu de cette pâture clôturée, je n'ai jamais eu autant l'air d'un mouton qu'aujourd'hui. J'ai presque envie de paître... Il faut pourtant trouver une issue, demi-tour donc afin de récupérer la bonne trace qui n'est finalement qu'à quelques dizaines de mètres, nous avions simplement raté le contournement d'un énorme et bucolique tas de fumier... 

De fumier, parlons en justement, la portion suivante nous amène à traverser un champ dans lequel l'exploitant a gentiment pensé à nous et a épandu des tonnes de cette sympathique mixture... Original ! Cela a au moins le mérite de ne pas être traumatisant pour les pieds, peut-être un peu plus pour les narines ! Pour nous remettre de ce passage "odorant", nous voici partis pour plusieurs kilomètres ultra roulants entre routes et chemins de campagne. Les sensations commencent à être vraiment bonnes et je parviens à dérouler sans souffrir et reprendre une petite dizaine de concurrents avant d'entamer la première vrai difficulté...

Le soleil parvient enfin à percer et nous laisse admirer les paysages qui nous entourent... Le secteur n'est pas sans rappeler celui pas si lointain de Lumbres et la vallée de l'Aa. 

Après un très court passage au coeur du hameau de Hodicq et quelques traversées de la Course, direction les coteaux ! Avec déjà prêt de 15 km dans les jambes, il devenait plus que temps que le compteur D+ s'affole... Les choses sérieuses commencent vraiment. Les organisateurs ont bien fait les choses puisque c'est sur cette portion difficile que je rattrape les concurrents du 15 km. Voir du monde est finalement un bon moyen de ne pas trop subir. On s'encourage mutuellement, on discute un peu du parcours et de ses pièges... Beaucoup semblent déjà connaître les réjouissances à venir.

Une fois le ravitaillement passé, les ressemblances avec l'Aa, ses coteaux et son trail sont encore plus frappantes : des portions improbables au milieu de pâtures et terrain en friches entrecoupées de portions larges et roulantes. Des grimpettes droit dans la pente suivies de descentes dans les mêmes conditions...
Le sol est, quant à lui, toujours aussi miné. Sur les portions herbeuses je ne parviens jamais à me lâcher, trop concentré sur ce qui se passe sous mes pieds. Les occasions de rentrer à cloche-pied sont trop nombreuses pour moi. La fatigue aidant je commence à me lasser...  Trop stressé, je décide de ne plus prendre le moindre risque et je préfère attendre les portions roulantes pour prendre un peu de vitesse.

Avec ce rythme "entre deux eaux", je me fais désormais passer par les plus pessimistes qui étaient partis sur la défensive et qui se lâche enfin dans les derniers kilomètres et je reprends les trop optimistes partis les armes à la main et qui subissent désormais la débâcle... Un groupe d"'Orange" revient à ma hauteur, j'en profite pour leur emboîter le pas à la faveur de sentiers dégagés. Nous arrivons ensemble sur les dernières difficultés mais adoptons deux styles complètement opposés : quand eux courent dans toutes les conditions, j'opte pour la marche dès que les pourcentages approchent la dizaine et je les recolle à la faveur des descentes... Ce petit jeu durera plusieurs kilomètres jusqu'à ce que je rende finalement les armes à notre retour sur les hauteurs du lieu d'arrivée dans une dernière pâture en dévers encore plus casse-pattes que les autres... 

Cette belle ballade se conclue finalement en 2h57 à la 30e place. A ma grande surprise, le physique a plus que bien tenu sur ces 32 km (petit bonus) et 600 D+, cela rassure un peu pour la suite du programme ! Gus, quant à lui, apparemment moins en forme que sur la Montagne de Reims finit tout de même en 2h48 à la 17e place... On a vu pire !




Le debrief :
Pour une première participation, le constat est plutôt très bon et les organisateurs auraeint mérité plus de participants sur le long. Malheureusement, les conditions météos des dernières semaines auront vraiment rendu certaines portions trop cassantes pour moi. Frustrant !

Les + :
 - très bonne organisation (avant, pendant et après), des bénévoles aux petits soins ;
 - bon balisage (quand on ouvre les yeux ;-) ) ;
 - énormément de portions privées ;
 - très beaux paysages ;
 - des classements affichés très rapidement ;

Les - :
 - un terrain très très cassant (la faute à la météo) par endroit ;
 - un premier 15 km un peu trop roulant.

Encore un grand merci aux organisateurs pour cette belle ballade au coeur de la Vallée de la Course !!

Toutes les photos : ici.

mardi 12 mars 2013

Des bulles plutôt que de la mousse...

En ces premiers jours de mars, alors que le Trail des Poilus frappe à notre porte et que son doux parfum se rappelle comme chaque année à nous, d'autres sirènes se mettent à chanter leur air enivrant. Les paroles sont identiques mais la mélodie est bien nouvelle : la montagne remplacera les collines, la forêt (la vraie) remplacera les bois, les vignes remplaceront les pâtures...


Bienvenue en ce dimanche matin dans la pittoresque commune d'Ecueil, au pied de la Montagne de Reims. Des coteaux, des vignes à perte de vue. Une coopérative vinicole en guise de QG, le dépaysement est total et tellement agréable. Pas besoin de faire de longs périples pour se sentir déjà un peu ailleurs. Au moment de notre arrivée peu de concurrents déjà présents mais déjà des dizaines de bénévoles s'activent sur tous les fronts. On se doute déjà que l'on va être choyé !


On prend un café, on se met en tenue pour faire un tour du village au petit trot. Les lieux respirent la quiétude. Pourtant d'ici seulement quelques dizaines de minutes, l'environnement sera quelque peu chahuté... C'est peu de le dire !

9h15. Justement. Tous les coureurs sont priés de se réunir devant les quais de déchargement pour un échauffement musical en commun. Après une première chorégraphie plutôt en phase avec ce qui nous attend (montées de genoux, talons-fesses,etc.) la suite est exactement ce que nous redoutions (ou attendions, c'est selon) : l'inévitable "Gangnam Style" ! Les GO plus survoltés que jamais se lancent dans la chorégraphie complète. Un flashmob de plusieurs centaines de trailers multicolores entrain de se démembrer, l'image doit vraiment valoir le coup ! Il est vrai que les départs se font en général plus facilement au son de Era et autres musique de péplum, mais même si le résultat est, cette fois-ci, complètement différent, il n'en est pas forcement moins agréable.


Désacraliser, ne pas se prendre trop au sérieux, cela me va bien finalement.



Une fois ce grand n'importe quoi terminé, à peine le temps de se placer que le départ est donné. Quelques hectomètres à travers le village et nous attaquons déjà les premières montées. Les chemins sont suffisamment larges pour que les 800 paires de jambes ne s'entremêlent pas trop. Sur ces coteaux j'entame, quant à moi, mon marathon photographique : je trottine, m'arrête, prend une photo ou deux, repars... stoppe à nouveau.  J'ai pourtant l'impression de doubler des dizaines et des dizaines de coureurs, ce n'est malheureusement qu'une illusion. Je fais en réalité constamment le yo-yo avec les mêmes coureurs. Mon frère doit, quant à lui, être déjà bien loin...


Les premières grosses pentes étirent un peu plus la cohorte. Les adeptes habituels de terrain plus roulants y sont immédiatement démasqués : complètement arrêtés dès que le sol se dérobe. Dans ces moments là, on a vraiment la sensation de voler... ça ne durera pas. 
Après ces quelques kilomètres de vignobles, il est grand temps d'attaquer les choses vraiment sérieuses ! Pour commencer, une longue et large montée qui nous amène à la bifurcation. A gauche pour les plus fous, tout droit pour probablement les plus perspicaces...

Le moins que l'on puisse dire c'est que le nombre de compagnons de jeux a sérieusement fondu. En guise de bienvenue, une interminable ligne droite dans un bourbier digne de chez nous. J'en profite pour manger un petit quelque chose, mais tous les appuis étant fuyants, impossible de me dépêtrer de l'emballage ! A cet instant, je m'obstine encore à tenter d'éviter les plus grosses flaques... si seulement j'avais su.


S'en suit une descente brève mais très pentue. Nous replongeons ainsi au milieu des vignes pour un petit kilomètre. Je n'ai jamais vu un tel terrain : une terre glaise qui reste bien accrochée aux pieds. On se retrouve donc rapidement avec deux énormes pneus slicks au bout de chaque jambe. Les virages serrés se passent tout en travers, les ré accélérations se font tout en douceur sous peine de surplace. Que le parcours d'origine est était raccourci de 2 km ne sera finalement peut-être pas un mal.


Nouvelle grimpette afin de s'immerger pour de bon dans cette fameuse Montagne. C'est ici que le plaisir commence vraiment. De superbes singles slalomant à travers les arbres, un terrain sans trop de boue. En file-indienne, on a vraiment l'impression de ne pas trainer. Pas de montre, pas de GPS, je ne sais pas où je suis ni depuis combien de temps nous sommes partis, j'ai simplement envie que cette trace ne se finisse pas. Au pire, qu'elle nous porte vers quelques unes de ses consoeurs toutes aussi jolies. Régulièrement nous croisons d'autres sentes appétissantes. Les unes après les autres elles m'aguichent mais je ne cède pas, je reste fidèle à celles qui nous portent.

Afin d'éviter de tout de même de sombrer dans la monotonie, nous entrecoupons régulièrement notre progression de gymkhana et de passages bien boueux. Les cuisses, les adducteurs ne risquent pas de s'assoupirent. Les chevilles sont elles aussi à l'ouvrage et se chargent d'atténuer les nombreuses rencontres avec les racines affleurantes. Merci à ma fidèle chevillière qui a une nouvelle fois fait état de toute son efficacité.

Pendant ces kilomètres, l'altitude oscille constamment entre 225 et 275 mètres. Sans vraiment s'en rendre compte, le dénivelé commence à se cumuler. Les raidillons se multiplient, tout juste entrecoupés par quelques routes forestières plus larges et praticables ou d'improbables bourbiers dans lesquels n'existent pas la moindre échappatoire. Contraints, forcés, nous y jetons gaiement les jambes, en espérant simplement ne pas y laisser l'une ou l'autre de nos chaussures.

Nous serpentons dans cette forêt domaniale depuis déjà plusieurs kilomètres et c'est seulement à cet instant qu'elle décide de nous dévoiler ses plus beaux atours... L'Ardre en est probablement l'un de ses principaux. Ce cours d'eau accompagne désormais notre progression pour une brève première rencontre, apportant avec lui de magnifique paysages, des chemins toujours plus étroits et sinueux et de l'eau sous toutes ses formes.

De la plus apaisante (Etang de Moreuil) :   
A la plus sportive :

Avec de telles portions, pas de risque que je fasse augmenter ma moyenne... La multiplication des pauses photos me contraint de laisser la place à de nombreux concurrents précédemment dépassés. Tout est à refaire. J'essaie de gêner un minimum mais cela ne semble tout de même pas du goût de tout le monde... Ce n'est pas de ma faute si tout est joli ?! 


Après l'Ardre, nous voici à serpenter pour de longues minutes en surplomb d'un petit ruisseau (je n'en ai pas trouvé le nom). Le cadre est le chemin sont hyper agréables, même si je commence à ressentir sérieusement le manque d'entraînement, impossible de souffrir dans un tel endroit. A gauche, à droite, en haut, en bas, dans la boue, accroché aux branches... je m'éclate ! En guise d'apothéose, on finit même par traverser à la corde ce magnifique ruisseau. Quel pied !

Vient ensuite une transition roulante au cours de laquelle j'en profite pour m'alimenter et reprendre un peu de vitesse. La tête commence à tourner et les jambes à s'alourdissent... Ce n'est pas gagné. Heureusement une nouvelle portion de Montagnes Russes Reims débute. Les coureurs qui me précèdent sont un peu moins rapides, alors je m'impatiente un peu et suis finalement déçu de ne pas pouvoir profiter complètement de cette portion. Un vrai gosse...

Après cette vingtaine de kilomètres, il est temps de plonger vers le seul et unique ravitaillement, situé sur la commune de Courtagnon. Sur place, le choix est difficile : de l'eau ou de l'eau ? Après avoir demandé conseil aux personnes présentes et appelé un ami, j'opte pour la première proposition. Si en plein été, un verre d'eau bien frais fait le plus grand bien, en ce dimanche plutôt frisqué ces gorgées ne vont pas vraiment me réchauffer ! Ca pique...

Ce bref arrêt ne semble pas avoir amélioré mon état. J'ai de plus en plus froid, j'ai faim et la tête qui tourne. Même le nouveau court passage autour de l'Ardre et ses étangs ne parvient plus vraiment à me divertir. Le spectacle est pourtant toujours aussi charmant.

Afin de regagner la forêt, nous sommes contraints de gravir un joli mur que plus personne ne s'aventure à courir. La montée est pénible. Je ne me sens clairement pas bien : la tête tourne, je suis affamé, j'ai froid, très froid. Me voici face à ma première fringale en course ! Je suis contraint de stopper pour rajouter une épaisseur et manger tranquillement. Au bout de quelques instants je parviens à repartir tant bien que mal. A peine 100 mètres qu'une violente crampe me tétanise l'arrière de la cuisse gauche. Nouvel arrêt pour une séance d'étirements... Les coureurs défilent et m'encouragent, compatissants.

Je tente de repartir en trottinant, mais le genou gauche ne veut plus rien savoir. La crampe ressentie a probablement raidie d'autres muscles... Il m'est devenu impossible de courir ! Le moral est à 0, c'est la première fois qu'une envie d'abandonner me traverse l'esprit. Le constat est amer : d'un côté je me suis surestimé (pensant pouvoir couvrir 33 km après 6 mois d'arrêt), de l'autre j'ai sous-estimé cette course (pensant le terrain "relativement" roulant).

Il n'y a pas de quoi être fier mais bon, je ne sais pas où je suis, il reste environ 13 km : qu'est ce qu'on fait !

La décision est prise : je vais au bout, tant pis si le frangin doit attendre ! La douleur n'étant pas présente à la marche, j'avance le plus vite possible tout en me faisant dépasser continuellement. Je me console en me disant que de toute façon les portions que nous traversons pour le moment ne sont pas les plus "funs". Au bout de plusieurs dizaines de minutes, je parviens à nouveau à alterner marche et course entre deux douleurs.
A ce petit rythme, le village de Pourcy se profile enfin. Même si je n'avais pas été au courant que ce lieu avait été le théâtre du ravitaillement du 15 km, il était assez facile de le déduire... Malgré les consignes des organisateurs, malgré l'esprit civique qui est censé habiter chacun de nous, de nombreux gobelets jonchent les bas-côtés. Compte tenu de mon rythme de sénateur dans la longue montée du GR du pays de l'Ardre, j'en profite pour faire un peu de ménage... C'est navrant ! J'aurai au moins cette satisfaction.

Au cours de cette portion au coeur des vignobles, j'en profite pour observer les nombreux exploitants s'afférant au milieu de ce paysage manquant encore cruellement de couleur en ces derniers jours d'hiver. Les dizaines de pantins multicolores que nous sommes ne semblent pas pouvoir les perturber. Même un bonjour parvient difficilement à les détourner un instant de leurs coupes chirurgicales. 

Mais il est désormais grand temps de nous immerger pour la dernière fois dans ces forêts avant de replonger pour de bon vers notre lieu de départ. Mon chemin de croix n'est prêt de se terminer : les portions marécageuses succèdent aux portions boueuses. Pas la peine de chercher les bons appuis, ils n'existent pas. Je n'avance plus, mais je me rassure en réalisant que finalement plus personne ne me passe et que je reprends plusieurs coureurs qui semblent tout aussi "aériens" que moi. Si nous nous trouvions sur un champ de bataille, nous serions peut-être achevés (finalement avoir évité "Les Poilus" m'a peut-être sauvé la vie...). Dans ces conditions, le temps ne semble pas filer, je continue de m'alimenter pour reprendre des forces mais la sensation de faim ne passe pas... Même si la douleur au genou s'est atténué, je ne peux plus relancer : je n'ai plus aucun jus ! Alors même que le cardio est redescendu au plus bas, impossible de retourner au combat. Je me surprends même à quasiment détester cette boue qui m'éclate le reste de l'année.

C'est désormais résigné que je guette, impatient, les prochains singles qui permettront d'égayer cette fin de course. D'ailleurs, les voici enfin ! Une sente sinueuse et étroite des arbres de chaque côté, il n'en faut pas plus pour avoir à nouveau l'illusion d'avancer. Quel pied cela aurait pu être dans un autre état de fraîcheur ! C'est vraiment ce type de secteur qui manque à notre région. Peu importe le niveau, peu importe la vitesse, on y prend du plaisir.

C'est donc légèrement revigoré que j'aborde la dernière partie caractéristique du parcours. Nous voici pour de bon revenus sur les hauteurs du vignoble. Le site d'arrivé est déjà en vue, pourtant il reste encore quelques kilomètres et côtes à assumer. Un dernier combat psychologique afin de passer au mieux ces difficultés, à nouveau cette terre collante si caractéristique, des faux-plats, des descentes raides et toujours cette arrivée qui nous nargue... L'orgueil se mêle lui aussi au final, me poussant à ne plus accepter de me faire dépasser. A l'amorce de la vertigineuse descente finale, je prends même en point de mire plusieurs victimes potentielles avec pour objectif simple de franchir la ligne avant elles. Contrat finalement rempli à 90% puisque les crampes me rappelleront à quelques encablures de la ligne...

Persuadé d'avoir bouclé en plus de 4 heures, quelle n'est pas ma surprise de constater que le chrono final n'est pas si déprimant : 3h43 et une flatteuse 94e place. Il est clair que je ne suis finalement pas le seul à avoir souffert... En tout cas, ce n'est pas le cas pour Gus qui boucle l'affaire en moins de 3h15 et une superbe 28e place ! Mes respects.


Le reste des photos se trouve ici.

Debrief :

Même si la seconde partie de course fut la pire qu'il m'était donné de vivre jusque là, le parcours et ses organisateurs n'en sont en rien responsables, alors il me reste au final un excellent souvenir de cette course :

Les plus :
 - une organisation au top, une équipe survoltée à la bonne humeur contagieuse ;
 - un échauffement original (un Harlem shake en 2014 ?) ;
 - malgré 800 coureurs aucun bouchon à déplorer grâce à un départ large mais tout de même pas facile ;
 - de nombreux singles techniques et esthétiques ;
 - un balisage simplement parfait : aucune hésitation en 33 kilomètres ;
 - un parcours usant ;
 - le champagne à l'arrivée.

Les moins :
 - une douche encore plus froide que l'eau du ravito (le dernier combat psychologique de la journée) ;
 - quelques très longues lignes droites dans le bourbier.

Un énorme bravo aux organisateurs !

Quant à moi, il devient plus que temps de m'y mettre sérieusement...