mardi 21 août 2012

L'ascension du Ventoux

Assurément, le Gard et ses plaines ne sont pas le terrain de jeu idéal pour des vacances sportives. Le constat déjà fait lors de mes précédentes visites prend encore plus de sens quand le mistral, principal allié pour un peu de fraîcheur, fait lui aussi ses valises et déserte les lieux.

Dès 9h du matin, il est très difficile de tenter le moindre effort longue distance hormis en VTT. Ajouté à cela une cheville droite toujours trois fois plus grosse que la gauche, et on se résigne rapidement à limiter la durée des sorties et les territoires explorés.

Malgré tout, il est un objectif qui me tient tout particulièrement à coeur : l'ascension du Mont Ventoux. Même s'il ne se trouve pas dans le même département (Vaucluse), cette énorme "pustule" nichée sur les bords de la Vallée du Rhône et visible à des centaines de kilomètres à la ronde. Ne cessant de me narguer, j'avais fini en 2010 par le gravir en VTT par la mythique montée au départ de Bédoin. Pour cette année, malgré mon état actuel, l'option baskets aura mes faveurs.


Après un peu moins d'une heure de route, me voici à nouveau sur la place du village de Bédoin. Le décor n'a absolument pas changé : il est à peine 9h et déjà des dizaines de cyclistes de tous les niveaux et de toutes les couleurs se préparent à affronter ce morceau de bravoure. Dans cette effervescence, je cherche au plus vite une presse afin de me munir de mon précieux sésame : la carte IGN des lieux. 13 € ?! Pour un one shot, cela fait un peu mal mais au moins, délesté de cette somme, je courrai plus léger...!

De retour à la voiture, j'étale la carte sur le sol et trace grossièrement un parcours ne me semblant ni trop long ni trop court, passant par le Mont Serein situé sur l'autre versant.

Il est grand temps de prendre la route et quitté Madame que je ne retrouverai qu'aux environs de midi. Pour l'occasion je me suis lesté d'un appareil photo pas vraiment taillé pour la randonnée et qui me contraint, après plusieurs kilomètres désagréables, à finalement le prendre à la main. La main droite déjà occupée par la carte, il ne me reste que les dents pour me hisser dans les portions techniques...

Mon périple prévoit de suivre, sur ses premiers kilomètres, la trace du GR 91 B, mais après moins de 500 m je jardine déjà ! Pas de conséquences fâcheuses, juste une petite alerte m'incitant à une vigilance accrue.


Je rattrape rapidement la trace et gagne la combe de Malaval théâtre du final du Trail du Ventoux. Pour le moment, le terrain reste plutôt roulant et la pente largement praticable. Les nombreuses grottes présentent le long de cette ascension procurent une ombre déjà salvatrice à cette heure.

Une fois franchi la tête du Gros Chame et les rochers du midi, la pente s'élève sévèrement, il devient quasiment impossible de trottiner. L'altitude augmentant l'horizon se dégage progressivement et les panoramas attendus s'offrent enfin à moi. Sur ce versant, face aux plaines de la vallée du Rhône le temps légèrement brumeux ne permet pas de porter le regard jusqu'aux côtes méditerranéennes. Les pauses photos sont de plus en plus régulières et il est bien difficile dans ces conditions de trouver un rythme adapté.


Le terrain est désormais très technique est composé essentiellement de pierriers étroits. Aucune brise pour tempérer cette chaleur accablante, la progression facile du début d'ascension est bien loin...


Je quitte finalement le GR afin de prendre la direction des près de Michel et prendre ainsi la direction du versant Nord et ses panoramas plus accidentés. La pente, quant à elle se stabilise, même s'il est très difficile d'y courir. Déjà approximativement 900 D+ après seulement 8,4 km parcourus. Sauf que le sommet est encore à 700 mètres au dessus de ma tête et que j'ai prévu quelques détours...

Les détours justement les voici. Après une descente sur des sentiers plus large, j'atteins la route reliant le sommet au village de Malaucène. Je croise ici d'autres cyclistes partis à l'assaut par un autre versant mais ne m'attarde pas sur place, je récupère un sentier mi-macadam mi-poussière que je vais suivre à flan de colline pendant plusieurs kilomètres avec des points de vues magnifiques sur le secteur. Toujours en léger faux plat descendant, le terrain permet de récupérer tout en reprenant un peu de vitesse et rattraper ainsi un peu du retard pris sur le timing... Cette portion permet d'atteindre la partie la plus difficile à laquelle j'ai été confrontée jusqu'à aujourd'hui : en 1 km je prends 300 m de hauteur supplémentaire !
Je suis complètement arrêté. Même marcher est difficile. Je croise ici le seul trailer de la journée, il dévale cette pente tout en glisse avec son t-shirt de "finisher" UTMB. Je me dis à ce moment qu'encore beaucoup de boulot m'attend : déjà pour arriver en haut mais aussi pour parvenir, un jour, à débouler comme vient de le faire cet OVNI.

Pour ne rien arranger, j'hésite un peu sur la voie à suivre et fait inévitablement des hectomètres supplémentaires...

Le terrain s'éclaircie enfin et les bois laisse place à des pâtures ou paissent de nombreuses brebis. J'arrive enfin au mont Serein et ses 1 400 mètres, seule station de ski du secteur et qui propose à l'été de nombreuses activités sportives...
Après une pause en bonne compagnie, je repars gonflé à bloc pour les derniers kilomètres. J'ai décidé de laisser tomber l'appareil photo et je m'en mordrai les doigts plus tard ! Après une portion de macadam à travers la station, je récupère le GR 4 qui m'emmènera désormais jusqu'au sommet. Il reste à peine 3 kilomètres mais pas moins de 480 D+... Sur ce sentier je rattrape et croise un nombre important de randonneurs qui se jettent pour la plupart sur les côtés afin de ne pas me gêner ?! Comme si j'avais quelque chose à gagner... Porté par ces semblants d'encouragements, je parviens à ma grande surprise à courir l'essentiel de la montée. C'est une fois arrivé sur les portions calcaires et désertiques du final que les pourcentages s'élèvent à nouveau et me contraigne à adopter à nouveau la marche.

Je parviens finalement au sommet après 20 km et 2000 m D+, soit une belle moyenne de dénivelé au kilomètre.

ID 1860848 sur http://www.openrunner.com/

Cette sortie m'a permis finalement de découvrir ce que beaucoup n'estime même pas encore comme du "vrai" trail mais qui pour moi représente déjà une complète nouveauté. Il est clair que j'ai encore beaucoup de boulot avant de me frotter à des défis plus relevés... Les kilomètres n'ont finalement plus d'importance., on résonne uniquement en dénivelé !

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