Le responsable ce de miracle a marqué à jamais une discipline qui jusque là n'avait subit aucune hégémonie de cette ampleur. Sa médiatisation est telle qu'il est désormais devenu l'un des soi-disant sportifs préférés des français alors que sa discipline présente les résultats exactement inverse dans les sondages d'opinion en étant l'une des plus décriée ! La télé fait des malheurs...
Fin septembre, à peine une semaine avant sa manche du championnat du monde et de son probable 9e titre, ce champion jusque là si peu friand du jeu médiatique, cède face aux sirènes du "buzz" et annonce sa pré retraite.
En ce premier week-end d'octobre, place donc à un jubilé plus proche de la tournée d'adieu d'une rock-star que d'un réel challenge sportif !
Départ jeudi 4 octobre à 20h30 pour 6h de route jusqu'au coeur de la vallée de Munster, théâtre de la première étape. Après avoir franchi le col du Bonhomme, la traversée partielle de la 3e ES annonce déjà la couleur : les routes sont "normalement" déjà interdites à la circulation depuis la veille au soir... La descente du col de Wettstein est impressionnante : de part et d'autres des dizaines de camping-cars stationnés dans les prés, des buvettes déjà à l'oeuvre, des feux de bois dans tous les coins. Les places sont chères !
L'arrivée sur la première ES est identique : des véhicules stationnés partout où cela est possible. Des gendarmes débà bien zélés qui arpentent les bois, tentant de dissuader au maximum les campings sauvages. Après une partie de cache-cache, nous parvenons sur les coups de 3 heures à nous poser au milieu des bois pour quelques heures de repos bien mérités.
6h30. Un réveil plus tôt que prévu, la faute aux ouvreurs et à leurs échappements peut-être un peu trop libre...
9h23. Après un peu de randonnée sur les GR, nous parvenons à l'endroit souhaité pour ce premier passage. Le constat est navrant, les spectateurs ne semblent pas les bienvenus hormis dans les zones largement quadrillées par les forces de l'ordre... J'ai l'impression de venir assister à un PSG-OM ?! Cloîtrés dans quelques mètres carrés, nous sommes contraints de tailler (un peu en avance) les arbres nous cachant la vue !
Malgré cela, le maître et ses élèves passent les uns après les autres dans de belles dérives, ça doit être ça que l'on appelle la classe mondiale...

Le retour sur la plaine d'Alsace est un véritable périple, d'énormes bouchons pour regagner les vignobles du Klevener pour une nuit dans la famille bien plus reposante...
Le premier vrai piège de cette ES pourtant bien visible s'est refermé sur lui. Un freinage en aveugle un peu trop tardif et le résultat de cet excès d'optimisme fait dès 13h la une de tous nos journaux nationaux, au grand dam de l'octuple champion du monde se faisant voler la vedette.
Toujours est-il que malgré une bonne quinzaine d'années passées à arpenter les rallyes de France et d'outre-quiévrain, je n'avais jamais assisté à une telle scène... Je suis, toujours à aujourd'hui, partagé entre considérer P.Solberg comme complètement inconscient après qu'il ait foncé à travers les vignes sans aucune visibilité (le drame fût tout proche) et respecter cette mentalité de gagneur (malgré une carrière qui est désormais largement derrière lui) l'ayant poussé à demeurer pied au plancher !

11h45. Sur place, nous constatons rapidement une foule bien plus importante qu'ailleurs... La proximité de Barr, Obernai et de l'agglomération strabourgeoise n'y est sans doute pas étrangère... Le matraquage médiatique que subit la région depuis plusieurs semaines va connaître ici son revers... L'affluence trop nombreuses de spectateurs pas toujours disciplinés entraîne l'annulation pure et simple du premier tour dans ce secteur chronométré.
C'est ce que l'on appelle le retour du bâton ! En cherchant par tous les moyens à rendre cette discipline accessible à tous, l'organisation se prend les pieds dans le tapis... La centaine de force de l'ordre présente sur les 10 kilomètres n'a pas été en mesure de gérer ce raz de marée et le vignoble a débordé !
14h38. Direction les hauteurs de Blienschwiller. Comme nous, beaucoup de déçu du Klevener se sont rabattus sur cette épreuve alors ça coince plus que de raison. Comme nous, les hommes en bleu de faction s'agacent et le ton monte. Nous, excédés par toutes ces routes et stationnement interdits qui nous contraignent d'être parqués comme des moutons, eux par les quelques brebis galeuses que compte ce troupeau...
Au moins 6 ou 7 rangés de spectateurs avant de pouvoir apercevoir la route, c'est du jamais vu pour nous. Les escabeaux que je promène constamment n'ont jamais été aussi utiles. D'ailleurs, l'affluence est telle que nombreux sont ceux qui échangent leur sourire narquois du début pour des regards envieux envers ceux qui, arrivés les derniers, bénéficient des meilleurs points de vue !

C'est pour cela que l'on reste ici, en haut d'un escabeau, au bord d'une route cabossée à l'affût de passages d'anthologie qui resterons gravés.
Pas le temps, de rêvasser plus longtemps puisque afin d'éviter le gros des bouchons, nous prenons un peu d'avance sur le rush afin de rejoindre pour la seconde fois la spéciale de Klevener.
17h45. Force est de constater qu'en 6 heures les rangs se sont largement clairsemés... Avec une telle désertion, une nouvelle annulation est inenvisageable. En revanche, beaucoup semblent avoir noyé leur ennui dans la boisson.
Une nouvelle fois notre matériel fait fureur auprès des autochtones impatients de voir passer "leur" champion. Justement, l'hélicoptère qui le suit en rase-mottes apparaît. Comme à chacun de ses passages, impossible de discerner le bruit de la DS3 du rotor. La fluidité de ses passages donne rarement l'impression qu'il est le plus rapide, pourtant, le chronomètre ne peut pas mentir durant neuf ans... Pendant que tous ces adversaires frôlent ou dépassent leurs limites, lui poursuit sa route sans coups férir. Même les quelques gouttes annonciatrices du déluge du lendemain de l'intimiderons pas...
Après un passage arrosé par la fête des vendanges de Barr et une dernière nuit dans la famille permettant de digérer les excellentes tartes flambées, il est grand temps d'entamer la route du retour. Bien évidemment, ce retour passe inévitablement par la région d'Haguenau théâtre de la dernière journée du rallye. Direction donc le départ de l'ES de Bischwiller. Les trombes d'eau qui s'abattent sur la région ont eu raison de la plupart des néophytes. Pourtant, cette journée présente un enjeu capital pour la région et son pilote puisque le 9e (et probablement dernier) titre mondial pourrait être acquis ici, dans son jardin.
Alors même devant les sollicitations de ses fans, le roi doit demeurer dans sa bulle. Les conditions dantesques obligent à la plus grande prudence, tant les routes ont été transformées en d'immense piège, où chaque virage présente une adhérence différente selon la quantité de boue accumulée. Même avec la marge de sécurité qu'il possède (une trentaine de seconde sur Latvala), partir à la faute est un jeu d'enfant. Ses poursuivants plus détendus, car simplement à l'affût d'une erreur du maître, se prêtent plus volontiers aux sollicitations.
Imperceptiblement, la pression monte. France Bleue Alsace fait doucement mais sûrement monter la sauce qui doit atteindre son paroxysme sur les coups de 15h15 sur le parvis de la mairie d'Haguenau puis vers 17h au Zénith de Strasbourg.


Même en assurant au maximum, ces adversaires ne parviennent pas à le distancer. Un freinage bien avant tous les autres, un passage beaucoup trop propre est pourtant seules quelques secondes de retard au point stop ?! Il y a décidément un niveau d'écart entre le désormais nonuple champion du monde et ses suivants...
On peut désormais reprendre tranquillement la route, une oreille tout de même pendue à la radio. Mais aucune surprise n'interviendra... Le 9e est acquis ! Et maintenant ?
photos : Aude-Marie
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