Toujours est-il que lui n'a pas failli à sa tâche et c'est donc contraint, forcé, voire un peu volontaire et masochiste que je débarque dans la Province du Luxembourg en ce vendredi 26 avril brumeux et pluvieux. Un temps à ne pas mettre un trailer dehors, non, non, mais plutôt plusieurs centaines...
A peine arrivé que l'on ne s'est jamais autant senti chez soi (aucun rapport avec le temps...), que des têtes plus ou moins connues (Ablain, Bully, la Confrérie, la CCCie). On attaque à la bière ce que l'on terminera à la bière... Au moment du retrait de dossard, juste un nom suffit, pas besoin de présenter un certificat médical ou une carte d'identité ?! Il me plaise toujours plus ces belges avec leur mentalité faisant encore la part belle au sens civique et à la probité.
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On en profite pour entrer parmi les premiers au coeur du somptueux château-fort et en explorer, curieux, les moindres recoins. Une nouvelle fois, une telle liberté me laisse admiratif... La bêtise n'aurait-elle pas franchie la frontière pour que l'on laisse si facilement accessible de tels lieux ?
Pour nous commence donc une très très longue partie de "Pac-man". Le premier niveau qui doit nous mener jusqu'au village de Corbion nous permet déjà de regagner plusieurs dizaines de places en maintenant une petite foulée sur la majeure partie de l'ascension. Nous évitons soigneusement d'être touchés par les "fantômes" et leurs bâtons acérés et trop souvent mal maîtrisés... Les sentes sont heureusement plutôt larges et praticables...
L'esprit léger et vagabond, nous atteignons les hauteurs de Rochehaut pour un bref instant avant de replonger sans transition sur des sentiers roulants jusqu'aux bords de la Semois et attaquer ainsi de son pied la plus longue "grimpette" de la journée (nous ne le serons qu'après) : 230 D+ en 2,6 km. La pente est suffisante pour nous obliger à marcher mais pas pour nous empêcher de nous ravitailler et discuter. Nous voici ainsi arrivés, sans trop nous en rendre compte, au point culminant du parcours avec ses 432 mètres. Cet endroit marque également le début de la portion la moins passionnante et forcement la plus roulante du parcours.
Une bonne dizaine de kilomètres à sinuer sur des chemins, tantôt herbeux, tantôt boueux, tantôt caillouteux. Il n'en faut pas plus à Gus pour qu'il commence à généreusement allonger la foulée. Pas évident de suivre, d'autant que régulièrement, je me fais bouchonner par des groupes que lui parvient à doubler un peu trop sauvagement pour mes capacités du jour. D'autant plus que je sais pertinemment que je commencerai à lutter bien avant lui... Le constat est évident : nous sommes clairement plus au même niveau, alors pas évident de faire course commune ! Les nombreux faux-plats descendants permettent, toutefois, à mes grandes jambes de faire illusion encore un moment. Après quelques kilomètres dans le dur, la forme revient et je parviens à suivre le rythme sans difficultés et allonger, à mon tour, la foulée... pour le moment.
Au 30e kilomètre, après avoir traversé le pittoresque village de Cornimont, le terrain de jeu se fait à nouveau plus technique. Malheureusement, à plusieurs reprises des concurrents un peu "perso", nous contraindrons à leur lécher les chaussettes pendant de longues minutes. Dans mon cas, avec une cheville droite en carton, il n'est pas question de tenter des dépassements suicidaires, alors Gus se morfond. On patiente, en file indienne. De temps et en temps une furtive envie de meurtre me traverse l'esprit. Je sais aujourd'hui pourquoi je n'utilise pas de bâtons... Je sais aussi que la technique Pac-man a son revers et que partir très prudemment n'est pas toujours la solution miracle. On ne peut s'en prendre qu'à nous-mêmes !
Une bonne dizaine de kilomètres à sinuer sur des chemins, tantôt herbeux, tantôt boueux, tantôt caillouteux. Il n'en faut pas plus à Gus pour qu'il commence à généreusement allonger la foulée. Pas évident de suivre, d'autant que régulièrement, je me fais bouchonner par des groupes que lui parvient à doubler un peu trop sauvagement pour mes capacités du jour. D'autant plus que je sais pertinemment que je commencerai à lutter bien avant lui... Le constat est évident : nous sommes clairement plus au même niveau, alors pas évident de faire course commune ! Les nombreux faux-plats descendants permettent, toutefois, à mes grandes jambes de faire illusion encore un moment. Après quelques kilomètres dans le dur, la forme revient et je parviens à suivre le rythme sans difficultés et allonger, à mon tour, la foulée... pour le moment.
Après, un très bref passage sur la commune d'Alle. Les montagnes russes débutent, d'abord plutôt sages sur des chemins larges. Notre très bon rythme de marche fait toujours son petit effet, les dépassements s'enchaînent. Malgré tout, Gus me motive de plus en plus régulièrement à reprendre un petit trot dans les faibles pourcentages de pente. J'accepte de bonne grâce mais je me doute que tôt ou tard ça ne passera plus... L'écart entre nous deux commencent doucement à s'accentuer et je ne préfère pas tenter le diable pour le combler. A de nombreuses reprises, il lève le pied pour que je le rejoigne et tente d'entamer une conversation que j'ai un peu plus de mal à entretenir. L'état de forme est encore passable mais je préfère me préserver...
Bientôt un sympathique trailer bullygeois nous rejoint. Nous ferons (ou plutôt "ils feront") route commune pendant de nombreux kilomètres. Pendant que les deux touristes qui me précèdent parlent de la pluie et du beau temps, je reste silencieux dans leur sillage. Entre deux, ils prennent tout de même le temps de s'enquérir de mon état de forme : "Ca commence à piquer !".
C'est une fois arrivé au plus bas, au bord de l'eau, que je prends véritablement un coup de bambou... Gus est obligé de quitter son nouveau compagnon afin que je puisse recoller. Le terrain a beau être plat, je suis contraint de marcher quasiment jusqu'au ravitaillement.
Ici à Frahan, au pied du fameux "Wall", on décide (ou plutôt "je") de prendre le temps. Des biscuits apéros par poignées entières, plusieurs verres de coca, les sourires des bénévoles, ça y est je crois que c'est fini, je suis au paradis...
...Enfin presque, revenons donc au concret : Il n'y aurait pas une kiné qui traine dans le coin par hasard ?! Quoi, à l'arrivée ?! Pardon, dans combien ?! Un wall ?! 150 D+ ?! Echelles ?! Trop d'information tue l'information, alors je fais le vide (je n'ai pas trop de mal pour ça...) et je repars un peu trainé par le frangin. Pas mal des concurrents si chèrement dépassés nous ont grillés à nouveau la politesse après ce ravito à rallonge. Nous franchissons malgré tout le pont avec un nouveau boni au classement : 215e et 216e. Le podium se rapproche...
Direction le "Wall", on nous l'a tellement bien vendu que l'on a hâte de le voir. Qu'il se rassure, je ne chercherai pas à en découdre juste l'escalader le moins douloureusement possible...
C'est pourtant au beau milieu de ce dédale que nous faisons enfin la connaissance des fameuses échelles. Deux options nous sont proposées : droit dans la pente ou "la classique". Pour une première et malgré les bouchons, nous choisissons la seconde. On perd du temps mais au moins on essaie de faire de belles photos !
Ce terrain plus sinueux et le peloton plus dense creusent des écarts toujours plus importants entre Gus et moi. J'ai désormais l'impression de tenir en laisse un jeune chiot qui accélère dans les portions amusantes, ralenti dans les portions plus roulantes. Allez, c'est décidé, ma décision est prise, je le libère ! Après avoir parlementé quelques minutes, il accepte de me quitter. Et là, à peine je lâche la laisse qu'il me file entre les pattes... A la vitesse d'un lévrier mais en plus poilu ! Qu'elle est belle cette nature redevenue sauvage !
Il reste une bonne dizaine de kilomètres à couvrir. Je ne cherche désormais plus à me faire violence, juste à profiter de l'endroit... Et des quelques belles difficultés ! Les descentes sont l'occasion de regagner toujours quelques places, les rangs se clairsement. Je fais longuement le yo-yo avec une britannique dont la vitesse de marche en montée me laisse pantois. Je prends des notes pour la suite... Elle parvient à me distancer sur le long faux-plat nous menant au dernier ravitaillement : l'Aquarius. Je m'y arrête plusieurs minutes et profite brièvement du point de vue sur le fameux Tombeau du Géant.
Ces derniers kilomètres seront finalement assez mitigés : des décors toujours aussi plaisants, des passages aussi techniques mais un énorme point noir va venir obscurcir ce final et pas moyen pour moi de l'occulter ! Partout, des dizaines de bouteilles en plastique jonchent le sol ! J'ai beau y réfléchir encore aujourd'hui, je ne me l'explique toujours pas... Comment plusieurs centaines de participants ont pu jeter leurs détritus sans la moindre arrière-pensée ?! Pour avoir fait l'expérience de garder cette fameuse bouteille en main jusqu'à l'arrivée, je n'ai pas eu la sensation de perdre encore un peu plus de temps... Alors à quoi bon ! Dégoûté...
Cette tempête intérieure aura eu au moins de bénéfique le fait d'écarter mon esprit de la fatigue physique... Et c'est donc sans vraiment l'avoir venu venir que la dernière difficulté me fait désormais face : une montée sèche entrecoupée d'épingles nous amenant ensuite par des sentiers plus roulants jusqu'au pied du belvèdère dominant Bouillon. Sur les quelques conseils que nous avions reçus, il en est un que j'avais parfaitement assimilé, je sais désormais qu'il n'y a plus qu'à dévaler un petit kilomètre avant d'entrevoir pour de bon ce château que nous avions quitté il y a un peu plus de 7h.
Notre longue remontée s'est finalement terminée à la 170e place pour Gus en 7h23 et 186e place en 7h31 pour moi... Il va s'en dire que Gus aurait pu viser une place plus proche de la centaine s'il n'avait pas fait sa B-A.
Le débrief : J'en rigole aujourd'hui mais je dirai que sur les 7h30 de courses, 2 ont vraiment été pénibles. La faute a une préparation physique un peu légère sur les derniers mois... J'ai tout de même tenté de rester le plus lucide possible afin de profiter au maximum des paysages qu'il nous a été donné de traverser.
Les + :
- une organisation de très haute qualité à tous les niveaux (rien à redire, je suis fan !) ;- la beauté des paysages ;
- la difficulté de nombreuses portions ;
- la mentalité wallonne (assurer sans se prendre au sérieux) ;
Les - :
- le ravitaillement Aquarius et ses conséquences...
- une portion roulante un peu trop longue entre le 15 et le 30e km.
Les 190 photos sont ici.